mercredi 19 octobre 2011

Mukandu Basua Babintu a soutenu avec succès sa thèse de doctorat en sciences médicales

A l’Université catholique de Louvain en Belgique
Mukandu Basua Babintu a soutenu avec succès sa thèse de doctorat en sciences médicales
« Les enfants de la rue à Kinshasa et le Sida : approche de la prévention articulant les concepts d’éthique narrative et de ‘’capabilites ‘’ »
« Les enfants de la rue à Kinshasa et le Sida : approche de la prévention articulant les concepts d’éthique narrative et de ‘’capabilites ‘’ » est le sujet d’une thèse que Mukandu Basua Babintu Leyka a soutenue publiquement le 15 septembre dans l’auditoire central J. Maisin (Site woluwé) de l’Université catholique de Louvain (UCL) à Bruxelles
Mukandu Basua Babintu n’est pas allé très loin pour piocher le sujet de ce qu’il devait soutenir pour arracher un doctorat en science de la santé: les rues de Kinshasa où pullulent plusieurs centaines d’enfants de la rue. Un phénomène qui est devenu un problème national en RDC. Que d’enfants sont jetés dans la rue pour une simple présomption de sorcellerie. Le phénomène est tel qu’il ne cesse de connaître davantage d’adhérents. Leur nombre est en croissance sans cesse avec un taux de croissance annuel moyen 6,7% en RDC, soit 14 000 à 20 000 en 1995 et 35 000 à 45 000 en 2009 (Reejer, 2010).
Le malheur ne venant jamais seul, ce phénomène s’accompagne d’un lot d’autres problèmes majeurs : viol, torture, analphabétisme, alcoolisme, drogues, prostitution de survie.
Voués et contraints de mener une vie qui n’est vie par le nom, les enfants de la rue sont livrés à toutes sortes de maladies, principalement les plus dangereuses et mortelles qui soient : les infections sexuellement transmissibles (IST), le VIH/Sida…Mukandu Basua Babintu catalogue les premières : les IST, seconde maladie après la malaria dans le contexte de la rue en RDC, 5 enfants sur 10 reçus en consultation en souffrent, citant un rapport de Médecin du monde France de 2009.
De fil en aiguille, le doctorant Mukandu Basua Babintu est arrivé à établir une relation intime entre les IST et le VIH/Sida, comme quoi les IST constituent une voie privilégiée pour atteindre le VIH/Sida. La situation de la pandémie en Afrique subsaharienne est fort décourageante, selon des statistiques de 2009. Il est d’un fort taux de contamination par voie hétérosexuelle (83%), tandis que les personnes qui vivent avec cette maladie (PVVIH) présentent un taux de 88%, soit 22,5 millions en Afrique subsaharienne pour total mondial de 33,3 millions. Le taux de mortalité en Afrique due à cette pandémie est de 78%, soit 1,3 million contre 1,8 million dans le monde.
Voilà pourquoi, le 17 mars 2004, la RDC a créé le Programme national multisectoriel de lutte contre le Sida (PNMLS) pour trois objectifs primordiaux : réduire la transmission des IST et du VIH, améliorer l’accès universel aux soins et traitement et atténuer l’impact socioéconomique du VIH et du Sida.
Ce programme devait faire bénéficier les enfants de la rue de son plan stratégique dans la prévention des IST/VIH/SIDA chez les enfants de la rue en RDC. On devait, par conséquent, mettre en place un projet de traitement et de prévention des IST : le projet du dispensaire PEKABO 1 et 2 et celui du dispensaire Laeso 1 et 2. On devait également mettre en place la stratégie universelle de l’OMS dans les dispensaires de REEJER.
Ces dispensaires ont servi de laboratoires au récipiendaire : il a découvert que les enfants de la rue, bénéficiaires de soins de santé, refusaient de continuaient d’être considérés comme des enfants. Ils voulaient s’émancipaient en adoptant ce que le récipiendaire appelle la capabilité (liberté de choisir le type de vie que l’on valorise le plus, selon Sen.). Donc, les enfants de la rue voulaient « fonctionner de manière autonome vis-à-vis de sa propre santé, ce qui implique une responsabilité individuelle essentielle à une théorie de la santé basée sur le fonctionnement et la capacité d’être agents des EDR. »
Dans cette logique, les prestataires de la santé ne devaient se contenter de ne donner que la voie à suivre aux enfants de la rue en ce qui concerne les soins de santé, le reste devait être de la responsabilité des bénéficiaires de soins.
Comprendre comment les prestataires œuvrant chez les enfants de la rue (EDR), par le processus de renforcement de capabilités, peuvent contribuer à améliorer, dans le respoect et la dignité, les capabilités des enfants de la rue et créer un modèle alternatif de prévention ainsi que des soins contextuels, tel est l’objectif général.

Question générale
Mais que signifie le processus de développement des capabilités des EDR atteints des infections sexuellement transmissibles (IST) et comment se construit-il ?, telle est la question générale de la thèse de Mukandu Basua Babintu.
A l’unanimité, les EDR rapportent un mal-être dans leur relation avec les soignants éducateurs et assistants sociaux de rue.D’un côté, les prestataires de soins qui usent de leur autorité (coercition), de l’autre, les enfants de la rue (EDR) qui se sentent dominés, méconnus, mais ne l’acceptent pas.
En résumé, les enfants de la rue sont convaincus que, pour faire bouger les choses dans la prévention des IST/VIH/SIDA en RDC, le PNMLS doit tenir compte de leurs libres réalisations, c’est-à-dire ce qu’ils sont capables de faire et d’être.
Au final, le récipiendaire conclut que la prévention par capabilités (Précap) participe à l’amélioration des normes institutionnelles partageables de prise en charge qui pourraient permettre l’atteinte d’une visée éthique au sens ricoeurien : « visée de la vie bonne, avec et pour autrui, dans des institutions justes ».
Le nouveau docteur en sciences médicales n’entend guère s’arrêter en si bon chemin. Il envisage, pour l’avenir, de pousser plus loin sa recherche, qui, pour lui, constitue un point de départ sur lequel il souhaite qu’on construise « un programme où les prestataires reconnaissent l’importance d’un modèle de comportement fondé sur les capabilités individuelles en santé ; et une transformation de l’attitude thérapeutique des soignants pour être à l’écoute des capabilités de leurs patients et adapter leurs pratiques en y associant les enseignements. »
Le jury de cette soutenance a été composé de la professeure Mylène Botbol Baum (HELESI) (promotrice) et des professeurs Alain Deccache (HELESI/UCL, Président), Marie Christine Closon (HELESI), Nathan Clumeck (CHU st pierre/ULB), François Hirsch (Directeur de recherche /INSERM), David Houéto (REFIPS/ASS) (membres).
Kléber Kungu

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